Résidence d'écriture - Jour 4
[Journal de résidence d'écriture - Jour 4 - Jeudi 20 février - Lycée Victor Hugo - Besançon - Doubs]
J’ai le privilège ce matin d’ouvrir le CDI, oui j’ai le trousseau de clefs, comme si j’étais professeure documentaliste, avec le CAPES, comme si j’avais un Master MEEF section documentation. Plus prosaïquement, j’arrive plus tôt que les autres jours car mon atelier du jour commence à 8H. Je prépare la petite salle attenante à l’espace livres pour accueillir 30 hurluberlus échevelés par les bourrasques de la Planoise et dynamités par le double expresso du bar de l’hôtel mais pas du tout, ils sont sages, plus muets que les carpes de mon étang de Sologne. Leur professeur de maths yogi en a vu d’autres et nous donne d’abord à rêver avec trois haïkus d’Archimède incluant Pi. Un monde nouveau apparaît où cercles, disques et boules émergent, il achève de me séduire en qualifiant Pi d’irrationnel et quand il ajoute qu’il est irrationnel ET transcendant, je suis au bord de l’extase. Mais il faut revenir à soi, c’est-à-dire à la poésie d’aujourd’hui avec l’OULIPO et Jacques Jouet. Ce dernier écrit le Poème Pi, sans fin il en est aujourd’hui, sauf erreur, à 5311 vers comptés syllabiquement selon la suite des décimales du nombre pi. C’est un moyen de pratiquer le vers libre sous contrainte.
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Pi, le nombre
m’aide
à commencer
puis
ne jamais finir
après le Mezura de Roubaud
ce po-
ème particulier
qui sera à suivre
de Jeanine
en Anne ou Thierry
très distinctement décompté
galopé sur mes doigts de métrique
une seule main, la droite
paradoxe d’un vers libre saoul
sous contrainte
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Le soir je suis invitée chez de véritables bisontins, il me font l’honneur des comté, cancoillotte et galette franc-comtoise. La fille de Joël a créé une nouvelle maison d’édition Les Prouesses et je repars avec 5 livres de poésie péruvienne, sénégalaise, canadienne… Comme concluait Soline hier, ça fait du bien de se sentir aimée.