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Poétik' de la batterie

Poétik' de la batterie associe des poèmes lus et les sons rythmiques percussifs de la batterie. Une rencontre improbable et improvisé.

Bain de sons parlés et rythmiques avec un thème à choisir en fonction du lieu et de la date. 

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Durée : 50min 

Tout public à partir de 8 ans. 

Lectrice : Isabelle PAQUET

Batteur.euses : Emmanuel Scarpa, Corentin Quemener, Guilhem Meier, Perrine Jourdan. 

Comme deux comètes se croisant dans le ciel, une comédienne et un batteur. Le futur nous dira si le hasard aura bien fait les choses, mais, outre le fait qu’ils vivent dans la même région, Auvergne-Rhône-Alpes, les parcours respectifs de la comédienne Isabelle Paquet et du batteur-musicien Emmanuel Scarpa pourraient bien révéler quelque nécessité à leur rencontre impromptue.

Isabelle Paquet est active dans le monde du théâtre où elle s’est formée… mais pas que. Passée des cours de chant dans différents domaines, du jazz au classique, elle a créé à la fin des années 1990 la Compagnie Chiloé, qu’elle définit comme un « îlot d’audaces artistiques et poétiques » où se confrontent différentes natures d’écriture : du théâtre aux arts plastiques, de la photographie à la vidéo, avec la voix pour médium qu’elle met au service d’une large diffusion de la poésie contemporaine. Ses études en sociologie l’ont rendue attentive aux questions de classe et de genre, comme de l’intime et de l’émoi. Ainsi l’a-t-on vue concevoir une lecture publique de texte sur la paysannerie contemporaine (977 000 paysans et moi, et moi, et moi) ou mettre son métier de comédienne, diseuse et metteuse en scène au service du dire des enfants et adultes des quartiers où elle allait planter sa yourte le temps d’une résidence de “théâtre (art) brut”. Elle interpréta, seule actrice en scène, les différents rôles masculins de son spectacle Men In Shakespeare. Sa participation au collectif Écrits/Studio l’a amenée à interroger les sexualités de la femme à travers la mise en forme de micro-trottoir. Elle sait sussurer la poésie comme elle le fait dans les épisodes vidéo de ses ASMR poèmes ou à l’oreille des visiteur·ses de son Poèmaton, mi-photo-maton, mi-confessionnal qu’elle dresse dans l’espace public. Mais elle a également su porter une voix forte face à la batterie de Corentin Quemener dans Un Ciel rempli d’oiseaux d’Antoine Choplin et de Guilhem Meier dans un récital de poésie contemporaine.

À présent, c’est un autre batteur qu’elle invite à lui donner la réplique. Et peut-être plus qu’un batteur. Venu à l’instrument par le rock-punk, Emmanuel Scarpa s’est formé dans les classes d’harmonie et de fugue-contrepoint des conservatoires de Grenoble et Lyon, tout en peaufinant un langage d’improvisateur aux marges du jazz. Il s’est fait connaître à Paris au sein d’un orchestre issu de la classe de jazz du CNSM, Radiation 10 dont les membres (Julien Desprez, Bruno Ruder, Fidel Fourneyron, Benjamin Flament, Clément Janinet, etc.) se sont depuis fait connaître individuellement sur ces marges stylistiques. Lui-même leader du trio Umlaut (ce tréma de la langue allemand destiné à changer le son des voyelles), il a fait du son sa matière première qu’il travaille infiniment aux confins des musiques médiévales, du progressive rock, des traditions de l’Extrême-Orient, des polyrythmies pourvoyeuses de vertige. En solo, dans Might Brank il fait naître des transes tribales d’une multitude de percussions combinées à sa voix, de ses onomatopées passées par “les umlauts” de son vocoder. Pour le Quadrivium, il imagine une “musique amplifiée des 14e et 21e siècles. Avec le quartette l’Autruche, du nom de l’animal qu’il réhabilite pour sa force et son esprit d’indépendance, il invente une “impolie rythmie” animale et micro-tonale. Au survol de ses collaborations, on relève les titres Hypertemps (sur un dispositif polyrythmique composé par Clément Édouard) ou Fricassée de maris inspiré des mythes érotiques d’Amazonie.

Alors on imagine aisément que ces fricassée de maris et ces impolies rythmies inspirent à la diction d’Isabelle Paquet quelque audace dans l’anthologie poétique qu’elle prévoit d’improviser à partir de son répertoire en incluant peut-être quelques textes tirés d’une œuvre personnelle qu’elle écrit elle-même depuis quelques temps. On imagine aussi qu’Emmanuel Scarpa y trouvera matière au dialogue, au commentaire ou au contrepoint, qu’il recourt à la seule batterie ou à quelques ressources de son vaste instrumentarium.

Franck BERGEROT

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